Éditorial de la chronique

 

Editorial

Bienheureux les doux…

Est-il possible d’être doux ? Il ne s’agit ni de flegme, ni de mollesse, ni d’indolence. La douceur chrétienne s’obtient au prix d’une grande lutte et requiert une force intérieure peu commune.  Jésus, le Seigneur, s’est défini comme étant “doux et humble de cœur”, il a tracé le chemin et les martyrs, successeurs du Christ premier Martyr, sont ses lumineux disciples.

Le Métropolite ukrainien Andrey Szeptickyj1, serviteur de Dieu, dans les années 30 en Ukraine, s’adressait souvent aux croyants avec cet appel : “Soyez prêts pour les temps où vous aurez à survivre pour le Christ et son Église, peut-être même à leur sacrifier votre vie.” Ainsi, disait-il, “Nous accomplirons notre but et le Goliath du communisme soviétique s’éloignera.” Ce qui s’est passé, une première fois…

On peut rappeler aussi l’histoire du bourreau qui torturait Mgr Tcharnetskyl. Celui-ci s’est adressé à lui avec une voix pleine d’amour : “Fils, combien de temps vas-tu torturer les enfants de Dieu ?” Le bourreau ne put supporter son regard et finit par demander le baptême. Un prisonnier se souvient aussi de Mgr Velytchov’skyj: “Il priait pour nous, emprisonnés, il priait pour ceux qui nous surveillaient et qui torturaient les prisonniers. Il semblait que le père Velytchov’skyj essayait de nous donner le ciel. C’est incroyable, mais c’est vrai. C’est le fait qui s’est gravé dans mon cœur pour toujours et qui brillait dans l’obscurité de l’absurde de la haine mutuelle des camps du régime de Staline.”

Ce courage, force des doux, de ceux qui aiment en vérité, nous ne pouvons le puiser en nous même, il a sa source dans le Cœur transpercé du Christ en croix. La Croix est le lieu où le Seigneur a réalisé en sa personne toutes les béatitudes, nous ouvrant le chemin et nous donnant la grâce de pouvoir le suivre. Le “déclin du courage” si bien stigmatisé par la voix prophétique de Soljénitsyne ne vient-il pas de ce que l’Occident ait perdu le contact avec la Source ?

Puissent la douceur et la force des martyrs d’Ukraine et de Russie obtenir à l’Orient et à l’Occident la vraie Paix, un renouveau de la Foi, une vraie Résurrection !

 

1. Cf Actes du Colloque AED, Sang des martyrs, semence d’Eglise, mai 2004, p. 74 et sv.