Le noviciat

Qu’est ce que la vocation ? 

Extrait de l’ EXHORTATION APOSTOLIQUE REDEMPTIONIS DONUM DE SA SAINTETÉ LE PAPE JEAN-PAUL II AUX RELIGIEUX ET AUX RELIGIEUSES SUR LEUR CONSÉCRATION A LA LUMIÈRE DU MYSTÈRE DE LA RÉDEMPTION

« Posant son regard sur lui, Jésus le prit en affection ».

3. «Posant son regard sur lui, Jésus le prit en affection»(6) et lui dit: «Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes et donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux; puis viens, suis-moi»(7). Même si nous savons que ces paroles, adressées au jeune homme riche, n’ont pas été reçues par l’appelé, leur contenu mérite toutefois une réflexion attentive car elles présentent la structure intime de la vocation.

«Posant son regard sur lui, Jésus le prit en affection». Tel est l’amour du Rédempteur: un amour qui jaillit de toute la profondeur divine et humaine de la Rédemption. En lui se reflètel’amour éternel du Père qui «a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle»(8). Le Fils, saisi par cet amour, accepta la mission de son Père dans l’Esprit Saint et devint le Rédempteur du monde. L’amour du Père s’est révélé dans son Fils comme un amour qui sauve. Et c’est cet amour qui constitue le véritable prix de la Rédemption de l’homme et du monde. Les Apôtres du Christ parlent du prix de la Rédemption avec une profonde émotion: «Ce n’est par rien de corruptible, argent ou or, que vous avez été affranchis…, mais par un sang précieux, comme d’un agneau sans défaut et sans tache, celui du Christ», écrit saint Pierre(9). «Car vous avez été achetés fort cher», affirme saint Paul(10).

L’appel à la voie des conseils évangéliques naît de la rencontre intérieure avec l’amour du Christ, qui est un amour rédempteur. C’est par cet amour que le Christ appelle. Dans la structure de la vocation, la rencontre avec cet amour devient quelque chose de réellement personnel. Lorsque le Christ, «après avoir posé son regard sur vous, vous a pris en affection», appelant chacun et chacune de vous, chers Religieux et Religieuses, son amour rédempteur s’est porté sur une personne déterminée, prenant en même temps un caractère nuptial: il est devenu un amour d’élection. Un tel amour embrasse la personne entière, âme et corps, que ce soit un homme ou une femme, dans son «moi» personnel et absolument unique. Celui qui, s’étant donné éternellement à son Père, se «donne» lui-même dans le mystère de la Rédemption, voici qu’il a appelé l’homme pour que celui-ci, à son tour, se donne entièrement pour un service déterminé de l’œuvre de la Rédemption en appartenant à une communauté fraternelle reconnue et approuvée par l’Eglise. Ne font-elles pas écho justement à cet appel, les paroles de saint Paul: «Ne savez-vous pas que votre corps est un temple du Saint-Esprit… et que vous ne vous appartenez pas? Car vous avez été achetés fort cher!»?(11)

Oui, l’amour du Christ a rejoint chacun et chacune de vous, chers Frères et Sœurs, au prix même de la Rédemption. En conséquence, vous vous êtes rendu compte que vous ne vous appartenez plus mais que vous lui appartenez à lui. Cette prise de conscience a été le fruit du «regard d’amour » du Christ dans le secret de votre cœur. Vous avez répondu à ce regard en choisissant Celui qui avait déjà choisi chacun et chacune de vous, vous appelant avec son immense amour rédempteur. En appelant chacun «par son nom», il fait toujours appel à la liberté de l’homme. Le Christ dit: «Si tu veux…». Et la réponse à cet appel est donc un libre choix. Vous avez choisi Jésus de Nazareth, le Rédempteur du monde, en choisissant la route qu’il vous a indiquée.

Quelques réflexions :

L’obéissance

 » Voilà la vraie obéissance chrétienne, qui est liberté : non pas comme je le voudrais moi, dans mon projet de vie pour moi, mais en me mettant à sa disposition pour qu’Il dispose de moi. Et en me mettant entre ses mains, je suis libre. Mais c’est un grand saut qui n’est jamais complètement réalisé. Je pense ici à Saint Augustin qui nous a dit ceci tant de fois. Au début, après sa conversion, il pensait être arrivé au sommet et vivre dans le paradis de la nouveauté d’être chrétien. Puis il a découvert que le chemin difficile de la vie continuait, quoique désormais toujours dans la lumière de Dieu, et qu’il était nécessaire de faire chaque jour de nouveau ce saut hors de soi-même ; donner ce “je” pour qu’il meure et renaisse dans le grand “je” du Christ.  »

Benoît XVI

L’exemple de Maur et Placide

La beauté de l’obéissance est illustrée dans la vie de Saint Benoît et de ses deux disciples, Maur et Placide.  Ceux-ci sont de véritables exemples pour toute moniale. Placide, tombé dans le lac, était en train de se noyer. Maur court vers son maître, qui le bénit et lui ordonne d’aller à son secours. Transporté par les ailes de l’obéissance, Maur marche sur les eaux. Placide voit alors la mélote (le capuchon) de saint Benoît le tirer de l’eau. Qui accomplit le prodige ? Celui qui a donné l’ordre ou celui qui a obéit ? Saint Benoît et Maur, dans une amicale controverse, se renvoient l’honneur de ce miracle avec humilité…

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Humilité et Communauté d’après Mère Marie-Bernard, deuxième abbesse du Pesquié

“Désirer n’être rien, être perdu dans l’armée fraternelle au service de tous comme au service de Dieu, pour être perdu en Dieu, pour habiter avec Lui seul, dans le secret de notre cœur et dans le secret de sa Face. Tendre à cette simplicité qui rend humble l’humilité elle-même. Passer inaperçu, et cela sans amertume, avec joie au contraire ; savoir être heureux des dons de ses sœurs, de tout ce qu’ils peuvent apporter à la vie commune. Nous ne devrions jamais avoir d’autre ambition que d’apporter notre joie, notre souplesse, notre réceptivité pour aider nos sœurs, d’autres désirs que de servir humblement à notre place. Ce que chacune peut apporter modestement est irremplaçable. Il est bien plus important et bien plus utile dans la vie monastique d’apporter sa docilité, une bonne humeur constante, un dévouement discret et inépuisable, une attention affectueuse que des dons brillants. Les dons brillants sont utiles et même très précieux, mais ils peuvent devenir insupportables s’ils ne sont pas accompagnés de cette douceur humble qui fait la vraie noblesse. Quelqu’un qui marche tranquillement et fortement dans le rang, dans l’armée fraternelle, fortifie ses frères. ‘Un frère aidé par son frère est comme une ville forte’ dit l’Écriture”

(Chapitre du 6 octobre 1971).

Les fruits de l’humilité : l’expérience de Dieu

“Le premier don, le plus beau, est de se détourner de soi-même, de ce moi envahissant et tyrannique qui nous gêne. Lorsque nous consentons d’un grand acquiescement d’amour à cette disparition paisible, nous nous enfonçons en Dieu. Nous découvrons la douceur profonde et imprenable de lui appartenir, à Lui seul, de devenir petit à petit Lui et non plus nous”.

(Chapitre du 6 Septembre 1971, Mère Marie-Bernard, deuxième abbesse)

Le noviciat

“A toi donc s’adresse maintenant mon discours,

qui que tu sois qui renonces à tes propres volontés pour servir sous le vrai roi le Seigneur Jésus-Christ,

et prends les armes fortes et glorieuses de l’obéissance.”

Saint Benoît, père des moines

Parcours de la formation du noviciat :

     – Postulat (1 an)

            Prise d’habit

     – Noviciat (2 ans)

           Profession temporaire ( engagement pour 3 ans)

     – Noviciat suite (3 ans)

           Profession solennelle (Vœux d’obéissance, de stabilité, de vie monastique)

Les Novices sont initiées à la vie de la communauté tout en suivant des cours de : latin, chant grégorien, liturgie, théologie, histoire de l’Eglise …