La vie monastique en question

Peut-on encore être moniale aujourd’hui ?

« Suis-moi ! » Être moine n’est pas le choix d’un mode de vie original, mais la réponse à une invitation. Or, l’appel de Dieu retentit encore, et l’homme, si noyé soit-il dans le bruit du monde, est toujours capable du don total de soi. Plus que jamais, nous avons soif de cette radicalité. Appartenir exclusivement à Dieu est encore possible au XXIème siècle !
« Si tu veux… ». La vocation est une proposition personnelle qui attend une réponse personnelle, le choix libre d’un chemin indiqué par Dieu, l’engagement de tout l’être dans la confiance.
« Le Maître de Nazareth invite son interlocuteur à renoncer à un programme de vie dans lequel ressort au premier plan la catégorie de la possession, de l’avoir, et à accepter à sa place un programme centré sur la valeur de la personne humaine, sur l’ être… » Jean-Paul II
A celui qu’il appelle et qui se confie en lui, Dieu donne la force de tout quitter.

La Règle de saint Benoît n’est-elle pas périmée ?

« Ne rien préférer à l’amour du Christ » (Règle ch. 4), c’est en cela que consiste la sainteté. C’est pourquoi votre vocation est plus que jamais actuelle et votre mission de moines est indispensable ». Benoît XVI

« Les choses éternelles, les choses de Dieu sont les plus profondes. Il ne faut pas créer des programmes nouveaux ; il faut seulement les vivre d’une manière nouvelle, avec une nouvelle ferveur et une nouvelle disponibilité, pénétrer dans ce programme éternel de Dieu, du Christ et l’accomplir en fonction de notre temps. » Karol Wojtyla

« On a trop parlé d’orientation, de programme, de projets, au risque de se prendre au sérieux de façon quelque peu ridicule. Comme s’il nous appartenait de refaire la vie. L’originalité sera de vivre de façon nouvelle une Règle qui n’a pas changée. Il y a là un mystère car Dieu attend cette nouveauté de notre réponse. La façon nouvelle dont nous allons vivre la règle éternelle de l’Amour n’est pas sans conséquence dans le déroulement de l’Histoire… » Mère Abbesse, Extrait de chapitre

La Règle de saint Benoît, pratiquée par les moines depuis le VIème siècle, peut-elle encore convenir aux hommes du XXIème ? Loin d’être un code de prescriptions rigide et désuet, saint Benoît nous a légué en héritage un art de vivre selon l’Evangile. L’abbé du monastère sera chargé « de tempérer toutes choses » (Règle ch. 64), de sorte que la Règle sera renouvelée et praticable à chaque époque.

Un monastère, à quoi ça sert ?

« Peut-être qu’aujourd’hui les théologies, les discours sur Dieu – si importants soient-ils – ne suffisent plus. Il faut des existences qui clament silencieusement la primauté de Dieu. On veut des hommes qui traitent le Seigneur en Seigneur, qui se dépensent dans son adoration, qui s’enfoncent dans son mystère, à l’enseigne de la gratuité et sans aucune compensation humaine, pour attester qu’il est l’Absolu. » Saint Jean-Paul II

« Il faut en effet à l’Eglise, de toute nécessité, des âmes d’une vie intérieure puissante, appliquées uniquement à se recueillir en Dieu et à s’embraser profondément de l’amour des choses d’en-haut. Si de telles âmes viennent à manquer, si leur vie s’anémie et se dessèche, il s’ensuivra un inévitable appauvrissement de tout le Corps mystique. » Saint Paul VI

La bonne question à se poser n’est donc pas pour quoi, mais pour QUI ? A en rester au plan purement naturel, il est vrai que les moines ne servent pas à grand chose, sinon à aménager une harmonieuse réserve naturelle où ils pourront mener la vie tranquille et ennuyeuse d’une espèce protégée. Qui serait assez insensé pour accepter de tout perdre pour un idéal si étroit ?
Dieu seul peut demander : « Veux-tu tout quitter pour me suivre ? ». La vie monastique n’a d’autre justification que surnaturelle. L’existence des monastères clame silencieusement que Dieu existe et qu’il suffit à combler une vie humaine.
Première mission des moines : adorer Dieu, lui offrir la louange qu’il mérite au nom de toute la création ; puis prier pour le monde, pour ceux qui prient et ceux qui oublient de le faire. Que Dieu fasse pleuvoir sur tous grâce et consolation. Travailler ensuite, pour vivre, pour partager les difficultés des hommes, pour se sanctifier. Irriguer tout cela de la charité du Christ à laquelle tous, moines, pèlerins, hôtes, pauvres, doivent pouvoir puiser.