Labora

« Saint Benoît a passé sa vie terrestre en unissant harmonieusement travail et prière. Ce faisant, il insérait avec bonheur le travail dans la vision surnaturelle de cette vie, aidant ainsi l’homme à se reconnaître comme le coopérateur de Dieu. Ce n’est pas seulement pour éviter la paresse qui émousse l’esprit que les choses sont ainsi conçues mais c’est aussi et surtout pour que l’homme soit rendu apte à faire grandir sa personnalité dans un sens aigu de ses devoirs, à découvrir des dons peut être encore enfouis dans les profondeurs de son âme et qui pourront être amenés à fructifier pour le bien commun, de sorte qu’en toutes choses Dieu soit glorifié  (saint Jean-Paul II, Sanctorum Altrix n° 5).

« Jean-Paul II laisse transparaître en ces lignes sa profonde estime du travail qui est constructif et contribue au développement de l’être humain. Dans une société qui oublie trop cet aspect valorisant (au détriment tragique des personnes), il importe que les monastères veillent à conserver ce primat de l’humain sur la rentabilité. D’un autre côté, il importe que le moine ou la moniale se donnent à leur tâche avec « un sens aigu du devoir », avec sérieux, maturité, sens de ses responsabilités. Les dons enfouis pourront éclore si nous sommes généreux et non paresseux. Cela n’allège pas (poursuit le texte) le travail du poids, de l’âpreté de l’effort, mais cela lui ajoute un nouvel élan intérieur. Le moine en effet ne s’unit pas à Dieu malgré le travail qu’il fait mais par ce travail lui-même et qu’il travaille manuellement ou intellectuellement, il s’élève constamment vers le Christ. Le secret de cet élan, Jean-Paul II le rattache à la belle sentence de Pierre : ut in omnibus glorificetur Deus (1 P 4, 11), sentence que saint Benoît nous livre en conclusion du chapitre sur les artisans du monastère (RB 57). C’est en définitive l’idéal ultime de toutes nos formes de travail, qu’il s’agisse d’art ou de labeur terrien : qu’en toutes choses Dieu soit glorifié ! »

Mère abbesse